Capture d'écran de Canary Mission, un site pro-israélien controversé qui publie les profils d'activistes pro-palestiniens, incluant leurs photos, activités militantes et informations personnelles.
De nouveaux documents rendus publics le 9 juillet révèlent que l'administration Trump s'est en partie appuyée sur Canary Mission, un site pro-israélien controversé, pour établir des dossiers sur des universitaires pro-palestiniens. Ce procès fédéral en cours à Boston soulève la question de la liberté d'expression et de la protection des étrangers.
Selon Politico, des transcriptions judiciaires publiées le 9 juillet dans le cadre d'un procès fédéral à Boston révèlent que le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a constitué une « tiger team », une cellule spécialisée chargée de rassembler des dossiers sur près d'une centaine d'universitaires et d'étudiants étrangers engagés dans des activités pro-palestiniennes.
Plus de 75 % des noms recensés proviendraient directement du site Canary Mission, selon Peter Hatch, responsable du renseignement au sein du DHS. Ce site anonyme publie les profils d'activistes pro-palestiniens, incluant leurs photos, activités militantes et informations personnelles. Bien qu'il affirme n'avoir aucun lien avec le gouvernement américain, Canary Mission est régulièrement accusé de pratiques intrusives et discriminatoires.
Lors de son témoignage, Hatch a précisé que les données issues du site faisaient l'objet d'une vérification indépendante avant d'être utilisées dans des rapports officiels. Il a également indiqué que Canary Mission offrait des informations plus complètes que d'autres sources, comme Betar USA.
« Déportation idéologique »
Les documents révèlent également l'implication directe de la Maison Blanche, notamment de Stephen Miller, proche conseiller de Donald Trump, dans des réunions inter-agences hebdomadaires consacrées à ces procédures de révocation de visas. Le Département d'État y aurait pris une part active.
Dans ce procès, des associations universitaires dénoncent ce qu'elles qualifient de « déportation idéologique », soutenant que cette politique viole le Premier Amendement en ciblant des individus sur la base de leurs opinions politiques. Plusieurs juges ont suspendu des tentatives de déportation, notamment celles visant Mahmoud Khalil et Rümeysa Öztürk.
Le juge fédéral William Young, chargé de l'affaire, devra se prononcer sur des questions fondamentales, telles que l'application du Premier Amendement aux non-citoyens. Les audiences à venir devraient prolonger le débat autour de l'équilibre entre sécurité nationale et liberté d'expression.